La première impression n’est pas toujours la bonne
Pour commencer ce billet, laissez-moi vous présenter cette mise en situation.
Robert est un amateur d’opéra qui adore visiter les musées et les sites historiques. Lorsqu’il était plus jeune, il jouait aux échecs et son film préféré était La mélodie du bonheur.
Selon vous, quelle est la situation la plus probable ?
- A. Robert est avocat
- B. Robert est violoniste pour l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM)
En se fiant uniquement à la description, il est tentant de présumer que Robert est un musicien professionnel. Néanmoins, d’un point de vue statistique, il y a plus de chances que Robert soit un avocat. Selon Me Caroline Larouche, présidente du Jeune Barreau de Montréal (JBM), on compte quelque 27 000 avocats au Québec, ce qui est évidemment nettement supérieur à la trentaine de violonistes de l’OSM.
Lorsque nous évaluons l’éventualité d’un événement, nous avons tendance à négliger de l’information pertinente, par exemple, sa probabilité d’occurrence; c’est ce qu’on appelle « la négligence de la taille de l’échantillon ». Comme cette étape cruciale requiert un effort de concentration, nous privilégions plutôt une analyse rapide des faits lorsque nous prenons une décision, ce qui peut entraîner une erreur de jugement.
Certes, ce phénomène est bien présent dans le domaine de l’investissement. Par exemple, au moment de prévoir la direction future des marchés boursiers, nous accordons beaucoup d’importance, notamment, à notre opinion, aux manchettes sensationnalistes ainsi qu’aux commentaires émis par les économistes et les analystes financiers. Bien que cette collecte d’information puisse être utile, il est préférable, dans un premier temps, d’appuyer son raisonnement sur des données statistiques.
Exercice : quel sera le rendement du S&P 500 en 2017 ?
Conformément à ce qui précède, la première étape consiste à tenir compte de quelques données historiques pertinentes en toile de fond. Dans le cas présent, il sera question du rendement à long terme de l’indice de référence américain, de l’impact d’un nouveau président américain sur la Bourse et de la probabilité d’un rendement annuel positif étant donné le faible risque de récession économique aux États-Unis.
- Depuis 1928, le S&P 500 procure en moyenne un rendement annuel de 7,5 %.
- Entre 1945 et 2015, le S&P 500 a généré un rendement moyen annualisé de 7,6 % dans la première année d’un nouveau cycle présidentiel.
- Selon un modèle d’analyse de la Réserve fédérale américaine, le risque de récession aux États-Unis en 2017 est de 4 %, ce qui est une bonne nouvelle pour les investisseurs. En effet, au cours des 50 dernières années, le S&P 500 a progressé près de 90 % du temps en dehors des périodes de ralentissement économique.
En principe, le S&P 500 devrait fournir un rendement avoisinant 8 %. La prochaine étape consistera à recourir à un processus rigoureux de recherche et de sélection d’information qui soit conforme à votre style de gestion et qui puisse modifier l’hypothèse de rendement émise à l’étape précédente. Par exemple, selon moi, l’ambitieux programme économique de Donald Trump, avec ses promesses de mesures budgétaires (hausse des dépenses en infrastructures et militaires) et fiscales (réduction d’impôts pour les particuliers et les entreprises) expansionnistes, sera très favorable aux places boursières en 2017. Par conséquent, je suis d’avis que le S&P 500 peut offrir une autre année de rendement exceptionnel qui se situera entre 15 et 20 %. Peu importe votre opinion en ce qui concerne ma prévision, mon objectif est de vous sensibiliser à l’importance de vous méfier de votre première impression et de prendre le recul nécessaire pour faire les bons choix.