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Les trois facteurs clés de la réussite à la Bourse

Le 13 septembre 1848, le contremaître Phineas Gage travaille à la construction d'un chemin de fer. Malheureusement pour lui, à la suite d'une explosion, une barre de fer de six kilos et d'un mètre de long lui transperce le crâne. À la surprise de tous, il en sort vivant! De plus, à première vue, il ne semble pas avoir gardé de séquelles à long terme de cet accident. Bien qu'il ait perdu l'usage de son oeil gauche, il raisonne, il s'exprime bien et il ne souffre d'aucune paralysie. Or, Phineas Gage n'est plus le même. Jusque-là considéré comme un homme attentionné, consciencieux et poli, il est maintenant imprévisible, vulgaire et indifférent au regard d'autrui, ce qui le rend incapable de gérer son argent, de maintenir des relations interpersonnelles de qualité et de conserver un emploi stable. Comment explique-t-on un tel phénomène?

Dans les années 1990, après avoir réanalysé ce cas et étudié de nombreux patients atteints d'une lésion cérébrale similaire, le neuropsychologue Antonio Damasio a constaté ceci : le centre nerveux de leurs émotions a été touché, ce qui les empêche d'orienter leur comportement et leur prise de décision. Par exemple, malgré le fait qu'ils puissent décrire logiquement leurs actions, ils sont inaptes à prendre des décisions aussi simples que choisir leur repas. En outre, sans sentiment de honte ou de peur, ils ont tendance à se ridiculiser en public ou à s'adonner à des activités financières risquées. Pour la première fois, on reconnaissait le rôle des émotions dans le processus décisionnel.

En négociation active, le succès est expliqué à 75 % par l'état d'esprit et à 25 % par les connaissances. »

Dr Van K. Tharp

À la lumière de ce qui précède, la raison et les émotions sont utilisées conjointement dans la prise de décision à la Bourse. C'est pourquoi il est primordial de s'attarder à ces trois objectifs spécifiques : l'adoption d'une méthode de gestion, la gestion du risque et la maîtrise de soi.

No 1 : l'adoption d'une méthode de gestion

Bien évidemment, il est impératif de choisir une méthodologie qui convient à votre personnalité et à vos objectifs personnels sur le plan du rendement, de la tolérance au risque, de l'horizon de placement et du temps consacré à la négociation active ou à l'investissement. Pour ce faire, l'analyse fondamentale et l'analyse technique constituent un excellent point de départ.

D'abord, l'analyse fondamentale vise à déterminer la valeur intrinsèque d'une action en évaluant les facteurs qui influent sur la société émettrice, comme l'économie globale, le secteur d'activité et la santé financière. Si la valeur intrinsèque est supérieure au cours boursier, il s'agit d'une occasion d'achat. Pour sa part, l'analyse technique se concentre plutôt sur le comportement des participants de marché par l'entremise d'une étude des graphiques des cours et d'indicateurs mathématiques dans le but de prévoir l'évolution d'un instrument financier.

No 2 : la gestion du risque

Peu importe votre formation, votre expérience, vos succès passés ou la qualité de votre philosophie de placement, la gestion du risque reste cruciale. Théoriquement, comme le cours d'une action peut valoir zéro, il est essentiel, entre autres, de prôner la diversification et d'appliquer des règles strictes (limiter le poids d'un titre dans le portefeuille et prévoir un montant de perte maximale par position, par exemple). En agissant ainsi, il est possible de se prémunir contre des pertes boursières substantielles. À ce sujet, une analyse de l'activité boursière de 8 000 comptes d'une firme de courtage à commission réduite révèle que 21,5 % des clients n'ont jamais vendu une action ayant baissé en dessous de son prix d'entrée!

No 3 : la maîtrise de soi

Beaucoup de personnes pensent – à tort – que l'atteinte des deux premiers objectifs est une condition suffisante pour garantir le succès à la Bourse. Malheureusement, ce n'est pas le cas. Si c'était facile, tout le monde le ferait! Étant donné le caractère aléatoire et incertain des marchés financiers, il est pertinent de limiter les erreurs de jugement liées au traitement de l'information, à la mémoire, aux pensées, aux attitudes et aux émotions. Par exemple, selon Kahneman et Tversky, l'inconfort psychologique causé par une perte a un impact deux fois plus grand que la satisfaction tirée d'un profit similaire. Alors, nous aurons tendance à omettre de prévoir un point de sortie en cas de perte, un comportement à proscrire. À l'image de Phineas Gage, la maîtrise de soi est donc une compétence indispensable.

Si vous souhaitez approfondir vos connaissances en la matière et atteindre vos objectifs à la Bourse, je vous invite à vous inscrire aux programmes de formation offerts par Desjardins Courtage en ligne.

Sources :

  • Antonio Damasio. L'erreur de Descartes, Odile Jacob, 1995.
  • Daniel Kahneman et Amos Tversky. Prospect Theory: An Analysis of Decision under Risk, Econometrica, 47(2), 1979, 263-291.
  • Jean-François Marmion. Phineas Gage, un cerveau à ciel ouvert, Le Cercle Psy, 1er avril 2016.
  • Jason Zweig. Your Money and Your Brain: How the New Science of Neuroeconomics Can Help Make You Rich, Simon & Schuster, 2008.
  • Jim Camp. Decisions Are Emotional, Not Logical: The Neuroscience behind Decision Making, Big Think, janvier 2017.
  • J.P. Morgan Asset Management. Guide to the Markets, Market Insights, janvier 2018.
  • Moïra Mikolajczak. Les compétences émotionnelles, Dunod, 2009.
  • Sandra Blakeslee. Old Accident Points to Brain's Moral Center, The New York Times, 24 mai 1994.