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Trois conseils pour mieux composer avec la volatilité des marchés boursiers

En 1997, dans un sondage mené auprès de 1 000 Américains, le U.S. News & World Report a posé la question suivante :

Selon vous, à son décès, quelle personne a le plus de chances de gagner sa place au paradis?

Bien entendu, on s'attendait à ce que Gandhi, Mère Teresa ou le Pape récoltent le plus de votes, mais détrompez-vous : la réponse la plus populaire a été... « Moi »! Eh oui, les personnes sondées croyaient qu'elles avaient de bien meilleures chances d'aller au ciel que Mère Teresa!

Voilà un bel exemple du « biais de l'illusion de la supériorité », une tendance qui fait en sorte que les personnes surestiment leurs qualités, leurs habiletés et leurs compétences, sous-estiment leurs points faibles et, par conséquent, se croient supérieures à la moyenne des gens. À ce sujet, une étude menée auprès d'étudiants américains avance que 93 % d'entre eux se considèrent au-dessus de la médiane en ce qui a trait à leurs habiletés en matière de conduite automobile!

De toute évidence, le « biais de l'illusion de la supériorité » est très présent à la Bourse. Selon le psychologue et économiste Daniel Kahneman, lorsque nous prenons une décision, nous nous fions principalement à notre jugement, à notre expérience et à nos convictions, ce qu'on appelle « l'évaluation interne ». Malheureusement, dans un contexte boursier baissier et plus volatil, nous sommes prompts à commettre des erreurs comme nous départir de nos actions. C'est la raison pour laquelle le Dr Kahneman suggère plutôt d'adopter une vision externe en analysant objectivement les faits, les statistiques et les tendances. Le but de cet article est donc de vous faire part de trois conseils en vue d'améliorer votre processus décisionnel lors d'épisodes de baisse marquée.

No 1 : Méfiez-vous des médias

Comme vous vous en doutez, nous sommes captivés par le sensationnalisme et par les événements dramatiques comme les guerres, les attentats terroristes, le mauvais temps et les catastrophes naturelles. Sans surprise, de nombreuses études montrent que pour chaque bonne nouvelle, 17 mauvaises nouvelles sont diffusées dans les médias. Alors, lorsque les cours boursiers plongent, les médias laissent présager le pire en évoquant un krach boursier ou une éventuelle récession économique. Il est donc impératif de faire fi de ces manchettes sensationnalistes et de se rappeler ceci : bien qu'il y ait 46 % de risque que le S&P 500 termine à la baisse sur une journée, il n'y a que 10 % de risque qu'il affiche un rendement négatif sur une période de cinq ans.

No 2 : Consultez votre portefeuille le moins souvent possible

La firme d'investissement en ligne SigFig souligne que les investisseurs qui consultent quotidiennement la performance de leur portefeuille obtiennent un rendement mensuel de 0,2 % inférieur à la moyenne. Pour ceux qui le font deux fois par jour, le rendement mensuel est de 0,4 % en deçà de la moyenne. En effet, ils ont tendance à négocier davantage et sont donc plus enclins à réduire leur exposition en actions à un mauvais moment, par exemple, à la suite d'un recul prononcé des cours boursiers.

Pour remédier à cette fâcheuse habitude, il est essentiel de comprendre la dynamique non linéaire des rendements boursiers, c'est-à-dire d'accepter le fait que les périodes de baisse sont normales et fréquentes. Il est donc préférable de porter une attention moindre aux fluctuations des cours pour bénéficier d'un rendement satisfaisant à long terme.

Baisses du S&P 500 Fréquence moyenne
– 5 % 3 fois par année
– 10 % 1 fois par année
– 15 % 1 fois tous les deux ans
– 20 % 1 fois tous les trois ans et demi
Source : Ben Carlson. How Market Crashes Happen, A Wealth of Common Sense, 8 janvier 2017.

No 3 : Respectez la force des rebonds des cours boursiers

Depuis 1932, le S&P 500 a généré un rendement moyen annualisé d'environ 9,5 %, y compris les dividendes. En appliquant cette performance moyenne historique et en sachant que le S&P 500 a reculé de plus de 50 % entre octobre 2007 et mars 2009, il aurait fallu attendre sept ans pour qu'il s'échange de nouveau à son sommet enregistré à l'automne 2007. Or, le S&P 500 a atteint ce niveau en l'espace de trois ans et deux semaines! En plus du fait qu'il soit impossible de prédire avec exactitude l'arrivée d'un creux boursier, les rebonds des cours tendent à être explosifs. Il est donc primordial de garder ses investissements.

À cet égard, une analyse de quelque 3 900 000 comptes clients chez Fidelity montre que ceux qui ont gardé le cap entre le quatrième trimestre de 2008 et la fin de 2015 ont généré un rendement total de 147 %, comparativement à 74 % pour ceux qui ont vendu leur portefeuille d'actions à un moment donné entre le quatrième trimestre de 2008 et le premier trimestre de 2009. De même, plus de 25 % de ces derniers n'ont jamais réinvesti en Bourse, et ce, malgré la remontée spectaculaire des cours.

En somme, comme un recul des cours boursiers peut être très déstabilisant, il est nécessaire de se détacher émotionnellement en adoptant un point de vue plus critique et en se référant notamment à des constats et à des données quantitatives. On réduit alors son stress lors de périodes plus difficiles, une condition sine qua non pour avoir du succès à la Bourse!

Sources :

  • Ben Carlson. How Market Crashes Happen, A Wealth of Common Sense, 8 janvier 2017.
  • Bofa Merrill Lynch. US Equity & Quant Strategy, S&P. Probability of negative returns over different time horizons, 2018.
  • Curtis Brainard. What Kind of News do People Really Want, Columbia Journalism Review, 31 août 2007.
  • Fidelity. 6 habits of successful investors, CNBC, 23 janvier 2018.
  • Ola Svenson. Are we all less risky and more skillful than our fellow drivers? Acta Psychologica, vol. 47, 1981, 143-148.
  • P. Alex Linley et Stephen Joseph. Positive Psychology in Practice, John Wiley & Sons, 2004.
  • Ray Williams. Why We Love Bad News More Than Good News, Psychology Today, 1er novembre 2014.
  • Spencer Jakab. Heads I win, tails I win, Portfolio/Penguin, 2016.