Comment participer à un placement initial?
Il peut être très difficile d'acquérir des actions d'un placement initial convoité. Vous comprendrez pourquoi en examinant le processus de placement.
Lorsqu'une société veut émettre des actions dans le public, elle doit commencer par retenir les services d'une banque d'investissement. En théorie, elle peut vendre ses actions elle-même, mais en pratique, c'est impossible à Wall Street et Bay Street. Le processus de prise ferme consiste à mobiliser des fonds au moyen de titres d'emprunt ou de participation (dans le cas présent, il s'agit de titres de participation). Les placeurs (les firmes de courtage) sont en quelque sorte des intermédiaires entre les sociétés émettrices et le public. Au Canada, Desjardins et les grandes banques à charte en font toutes parties.
La société et la banque d'investissement commencent par se rencontrer pour négocier l'affaire. Leurs discussions portent habituellement sur le montant que veut réunir la société, le genre de titres à émettre et tous les détails de la convention de placement. L'opération peut être structurée de plusieurs façons. Par exemple, en prenant un « engagement ferme », le placeur garantit à la société qu'elle recevra un montant donné, car il achète tous les titres offerts et les revend ensuite au public. Par contre, dans le cadre d'un accord de « placement pour compte », le placeur vend les titres pour la société, mais ne donne aucune garantie quant au montant qui sera réuni. Le placement se fait alors selon la règle du meilleur effort possible (« best effort basis »). De plus, les banques d'investissement répugnent à assumer la totalité du risque d'un placement. Pour répartir le risque, elles forment un syndicat de prise ferme. Un « chef de file » dirige le syndicat, tandis que les autres preneurs fermes vendent une partie de l'émission.
Il est également possible que le syndicat fasse appel à un groupe de vente. Dans ce cas précis, les membres du groupe de vente placent leur intention auprès du syndicat mais n'ont aucune garantie que leur demande sera acceptée, en partie ou en totalité. Les intentions d'achat seront reçues sous réserve du droit du gérant de l'émission de les refuser ou de les répartir, en totalité ou en partie, et de clore en tout temps, sans préavis, les registres de souscription.
Une fois que toutes les parties se sont mises d'accord, la banque d'investissement prépare une déclaration d'enregistrement qui doit être soumise à l'autorité provinciale compétente. Ce document contient des renseignements sur le placement et sur la société, tels que les états financiers, les antécédents des gestionnaires, les problèmes juridiques éventuels, l'utilisation prévue des fonds et les placements des initiés. L'autorité provinciale impose ensuite une période de réflexion, au cours de laquelle elle mène son enquête et s'assure que toutes les informations importantes ont été transmises. Une fois le placement approuvé par l'autorité provinciale, la société fixe la date à laquelle les actions seront offertes au public.
Pendant la période de réflexion, le preneur ferme prépare ce qu'on appelle le prospectus provisoire. Il s'agit d'un document initial contenant tous les renseignements pertinents sur la société, en dehors du prix auquel seront vendus les titres et de la date d'émission, qui ne sont pas encore connus à ce moment. Muni du prospectus provisoire, le placeur et la société émettrice s'efforcent de susciter et d'attiser l'intérêt des investisseurs. Ils partent en tournée et sortent le grand jeu, en courtisant les grands investisseurs institutionnels. Cette période est appelée tournée promotionnelle (« Road Show »).
À l'approche de la date d'émission, le placeur et la société discutent et fixent le prix, ce qui n'est pas une mince affaire. La décision finale dépend de la société, du succès de la tournée et, avant tout, de la conjoncture qui règne sur le marché. À l'évidence, les deux parties ont intérêt à ce que le prix soit le plus élevé possible.
Enfin, les titres sont vendus sur le marché boursier et les investisseurs fournissent les capitaux attendus.
Vous devez également savoir qu'une société déjà inscrite à une Bourse peut, pour diverses raisons, choisir de faire à nouveau un appel public à l'épargne. Ayant déjà procédé dans le passé à un PAPE, on désigne cette opération sous l'appellation de « Placement secondaire ». À noter que dans le jargon courant, il est très fréquent que ce type d'émission soit appelé à tort « nouvelle émission ».
La société qui effectue un placement secondaire émet de nouvelles actions qui s'ajoutent à celles déjà en circulation. Pour l'investisseur, ce type d'émission est tout aussi disponible qu'un PAPE, toutefois le temps de réaction pour placer une intention d'achat pour ce type d'émission peut parfois s'avérer très court. De plus, puisque la société émettrice est déjà cotée en Bourse, l'investisseur dispose généralement de plusieurs sources d'information (site Internet, communiqués et états financiers de la compagnie) sur celle-ci pour l'aider dans son processus de prise de décision.