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Les conséquences économiques et financières du Brexit

Les Britanniques ont causé une véritable surprise, le 23 juin dernier, en votant pour la fin de l’adhésion du Royaume-Uni à l’Union européenne (le Brexit, pour Britain-exit). Ce choix a durement affecté les marchés financiers, qui étaient mal préparés à cette éventualité. En quelques minutes, lorsque les résultats ont commencé à afficher une majorité pour le Brexit, la livre sterling s’est dépréciée de près de 12 %, touchant ainsi un creux jamais atteint en 30 ans. En fait, l’ensemble des marchés boursiers de la planète a subi le contrecoup du résultat de ce référendum.

Ces mouvements de ressac reflètent les inquiétudes générées par la décision des Britanniques, mais il faut rappeler que, pour le moment, aucun changement fondamental ne touche le Royaume-Uni ou l’Europe. Le résultat référendaire n’équivaut pas à une sortie immédiate de l’Union européenne (UE). Aucune barrière tarifaire n’a été réinstaurée, les mouvements de capitaux et de personnes restent fluides, et la Grande-Bretagne continue de faire pleinement partie de l’UE. Par conséquent, à court terme, au-delà des effets réels d’éventuelles contraintes commerciales et financières, c’est l’incertitude qui risque d’affecter la conjoncture économique. Tout se jouera donc sur la confiance et, au cours des prochaines semaines, il faudra surveiller de près les indicateurs de confiance des consommateurs et des entreprises.

À plus long terme, les conséquences du Brexit sur les économies britannique, européenne et mondiale dépendront de l’issue des négociations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne.

Le Brexit aura des conséquences sur l’économie mondiale, et donc, sur l’économie canadienne. On peut penser que les facteurs importants à surveiller pour l’économie canadienne seront :

  • Le degré d’incertitude et la détérioration des conditions financières;
  • La diminution des prix des matières premières;
  • La baisse de l’activité économique au Royaume-Uni et en Europe, et son effet sur les échanges commerciaux directs (le Royaume-Uni représente 3,5 % des exportations canadiennes et le reste de l’UE compte pour 4,5 %);
  • Les effets directs et indirects du Brexit sur l’économie américaine.

Il est particulièrement difficile de prévoir ce qu’il adviendra de l’accord commercial entre le Canada et l’UE : certains pays de l’UE exprimaient déjà des doutes au sujet de cet accord et l’appui du Royaume-Uni était essentiel.

Les scénarios financiers

Les taux d’intérêt obligataires américains et, dans une moindre mesure, canadiens ont considérablement diminué depuis le vote, et l’effet refuge que procure le marché obligataire américain devrait faire en sorte que les taux resteront plus bas que prévu. La Réserve fédérale américaine pourrait retarder davantage, soit jusqu’en 2017, la prochaine hausse de ses taux directeurs. La période de long statu quo déjà prévue pour la Banque du Canada pourrait être prolongée afin de tenir compte d’une politique monétaire américaine encore plus prudente. La faiblesse des prix du pétrole et la force du dollar américain pourraient amener le huard à perdre des plumes par rapport au billet vert, tout en s’appréciant par rapport aux devises européennes. Les marchés boursiers ont déjà subi un impact négatif important et risquent de demeurer volatils au gré des nouvelles. Le contrecoup du Brexit sur les marchés européens et britanniques devrait avoir un effet plus permanent, compte tenu des perspectives de profits plus incertaines et d’un potentiel de croissance économique plus faible.