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Les quatre mousquetaires de l’analyse technique

À la bourse, on retrouve plusieurs théories pour faire de l’argent. Parmi ces théories, il y a de celles qui semblent clairement manquer d’une relation logique entre la cause et l’effet, mais qui demeurent populaires. Par exemple, selon la théorie du Super Bowl, si la ligue NFL gagne sur l’AFC en début d’année, les indices boursiers seront à la hausse durant l’année. Au contraire, si c’est l’AFC qui gagne, hélas, ce sera une mauvaise année à la bourse. C’est bon? Assez pour faire croire à certains qu’il y ait une relation entre la cause et l’effet.

Une autre de ces théories affirme que depuis 1950, le marché gagne du terrain entre novembre et avril et subit des reculs entre mai et octobre (« Sell in May and go away »). C’est bon? Plusieurs y croient.

Une autre théorie dit que quand l’année termine par 5 (par exemple 2015) et qu’en plus c’est la sixième année au pouvoir d’un président américain (cette année), les marchés boursiers sont nécessairement à la hausse. Ce sont des coïncidences, tout de même nombreuses, qui laissent parfois vraiment croire que ces relations de cause à effet existent vraiment. Le très populaire Stock Trader’s Almanac 2015 dans son introduction documente d’ailleurs cette théorie, soulignant que la situation inverse s’est rarement produite. La logique de cause à effet est cependant difficile à trouver.

Des portefeuilles sont basés sur les probabilités que les indices soient à la hausse, en tenant compte du comportement des 20 dernières années. Par exemple, si l’indice Standard & Poor’s 500 a été à la hausse au cours des années précédentes en date du 20 juin, il y a 67 % des chances que la même chose se produise à pareille date l’année suivante, selon la théorie. Cette théorie des probabilités n’a pas de fondements logiques, mais pour plusieurs elle est génératrice de profit.

Il y a une vingtaine d’années était à la mode la théorie des cycles lunaires, combinée au comportement du prix de l’or. Après une pleine lune, le prix de l’or repliait pour ensuite reprendre à progresser dans les phases suivantes, le début de chaque phase représentant un moment attendu pour le mouvement du prix.

Une autre théorie, plus récente, affirmait que la consommation accrue de beurre dans les pays en émergence s’accompagnait d’une hausse des indices nord-américains. Plusieurs théories sont nées grâce au « Data mining » : on met dans l’ordinateur les données sur les indices boursiers et on cherche des corrélations avec, par exemple, la consommation d’aspirines. On constate que, souvent, quand sa consommation augmente, le marché va à la baisse.

À la différence de ces «théories» qui laissent des doutes sur leur fiabilité à générer du profit, il y a des indicateurs boursiers qui fonctionnent fort bien et qui donnent d’excellents résultats. Les meilleurs par tradition sont le RSI (Relative Strength Index de Wilder), le Stochastique, le MACD (Moving Average Convergence Divergence)  et le CCI (Commodity Channel Index). Ce sont les quatre « mousquetaires » de l’analyse technique : les plus crédibles et sensibles et donc capables de nous aider à profiter des mouvements du marché. Sous différentes formes ces indicateurs ont été à la bourse depuis toujours ; leur conception est donc ancienne et leur fonctionnement prouvé. Naturellement, plusieurs autres indicateurs existent, mais il s’agit très souvent d’imitations sous l’étiquette d’autres noms et formes.

Le RSI est bon pour nous donner un signal de « fatigue » du marché dans la tendance actuelle, ce qui anticipe un retournement de tendance. Le graphique 1 (XIU.to) le démontre d’ailleurs : les trois flèches dans le RSI indiquent une direction divergente du RSI de celle du graphique des prix. On notera que quand la divergence est présente, le RSI anticipe un changement de direction du XIU.to. La prudence veut qu’il ne doive pas être utilisé comme indicateur pour acheter et vendre, sinon, au plus, pour un petit pourcentage du montant disponible à placer. Ceci parce que sa formule ne donne pas de façon suffisamment claire un moment décisif, mais plutôt les symptômes qu’un changement de direction des prix est imminent.

Graphique 1 – XIU.to et RSI
Graphique 1

Le Stochastique (voir le graphique 2 – Goldcorp) est basé sur le principe de la pendule : quand le prix arrive à l’extrême de son momentum (le Stochastique plus haut que 80 %), il se renverse. Si le Stochastique descend en dessous de 20 %, il tend à rebondir parce qu’il est arrivé temporairement à l’extrême de son momentum à la baisse. Le Stochastique est bon, mais il est plus réactif que le MACD et le CCI. L’utilisation la plus prudente de cet outil est d’appliquer les signaux pour quitter une position et non pour la prendre. Comme les flèches le montrent, les signaux annoncent un petit comme un grand changement de direction.  C’est un outil à utiliser avec des filtres, c’est-à-dire avec d’autres outils qui confirment ou non la capacité du signal à donner potentiellement un profit intéressant.

Graphique 2– G.to et Stochastique
Graphique 2

Le MACD (Graphique 3 – Banque Royale) mesure le rapprochement et l’éloignement de deux moyennes mobiles exponentielles (EMA) des prix : une lente et une rapide. L’éloignement de l’une et l’autre de ces données indique que la tendance des prix est forte, alors que leur rapprochement montre le contraire. C’est la ligne rouge dans le MACD qui donne le signal de changement de force dans la tendance des prix quand elle croise la ligne noire.

Le MACD génère des signaux moins rapidement que le Stochastique. On notera que la plupart des signaux, indiqués par les flèches, montrent un potentiel de profit intéressant.

On pourrait dire que le RSI annonce que l’actuelle tendance est « fatiguée » et que le changement de direction est imminent. Chronologiquement, le MACD arrivera souvent après le RSI et le Stochastique, offrant le signal d’agir dans le marché. On peut investir avec ce signal une partie des liquidités.

Grahique 3– RY.to et MACD
Graphique 3

Finalement, le CCI  est un indicateur qui signale une vente quand il quitte à la baisse le territoire du +100 et donne un signal d’achat quand il quitte à la hausse la ligne du -100. Sa formule est plus originale que celle des autres parce que le CCI englobe le concept de moyennes mobiles, de volatilité et d’un prix quotidien qui est la moyenne entre haut, bas et fermeture de chaque période. À ce signal, on pourrait confier une autre partie des liquidités disponibles.

Graphique 4– SU.to et CCI
Graphique 4

En réalité, rien n’est facile et parfait. Les quatre mousquetaires ne donnent généralement pas les signaux en même temps : le RSI arrive avant, suivi du Stochastique, puis du MACD et finalement du CCI. Le RSI ne donne pas toujours des divergences. Si le titre change rapidement et fréquemment de direction, le MACD peut donner des signaux trop fréquents. Habituellement, c’est le CCI qui est celui qui demande moins de temps à analyser parmi les quatre, à cause de sa structure. Cependant, il est en même temps plus lent à générer un signal au potentiel de profit. Ces outils enlèvent l’illusion de pouvoir se fier à d’autres théories qui établissent le lien entre cause et effet, sans que cela soit prouvé logiquement.

Sans les quatre mousquetaires, le chemin du profit peut s’avérer bien plus ardu et parfois illusoire.